Dans un entretien dans les colonnes du Monde,  Emmanuel Todd présente son analyse sur la crise actuelle. Elle ne se limite pas aux banlieues et se termine par une vision optimiste, qui est rare en ce moment ( attention, il y a 2 pages ).

Je trouve intéressante sa modelisation de la fracture sociale, non plus entre deux groupes "les inclus" et les "exclus", mais entre trois à quatre sous-groupes qui ont des intérêts convergents ou divergents selon le cas, ce qui explique le caractère "insaisissable" de la crise française d'après la chute du mur de Berlin.

Le modèle peut paraître simpliste mais il permet de donner du sens à une réalité et de réfléchir : c'est ce que l'on demande à un modèle au sens systémique du terme. Il s'agit encore d'une piste pour prouver que les frontières actuelles des partis politiques ne correspondent plus au "pays réel".

Pour faire bouger les lignes dans les partis, il sera difficile de faire l'économie d'une réforme institutionnelle... La VI° République, c'est sûrement pour bientôt !

Post-Scriptum : Le caractère d'urgence ayant été déclaré dans le décret du 09 novembre 2005, en application de l'article 182 de la loi organique du 19 décembre 1958 et de l'alinéa 3 du préambule de la loi du 17 prairial an VI, le Président a décidé que pour voir le pays au fond des yeux, c'est quand même mieux avec des lunettes ! Hardi, les gars, les institutions commencent à bouger !

Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l'âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n'ont qu'un taudis
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

Extrait de La canaille, chanson qui préfigure la Commune.

Il suffit de remplacer par le terme "Canaille" par "racailles", et cela prend tout de suite une couleur actuelle. Comme quoi une insulte peut devenir un signe de ralliement.

Toutefois, il est facile de sombrer dans la caricature et de ranger le seul "Sarko" au rôle du méchant Versaillais. La situation me semble beaucoup plus complexe, car elle est plus du ressort du nihilisme créé par notre société que de l'utopie ouvrière...

Si vous n'avez pas entendu que nous sommes sous la menace de la "grippe aviaire", je vous conseille d'aller consulter rapidement un spécialiste, ce sont vos tympans qui ne fonctionnent pas.

Toutefois, il me semble intéressant de souligner que l'Institut de Veille Sanitaire ne dénombre "que " 60 décès imputables au virus H5N1 dans les zones d'asie, censées être les plus touchées. Ce chiffre est à comparer avec celui d'un document du GROG (groupes régionaux d'observation de la grippe), qui rappelle qu'en France, lors de la pandémie de 1968, la mortalité attribuée à la grippe a atteint le record de 18 000 décès... La grippe n'a donc pas besoin d'être aviaire ou espagnole pour tuer.

Je me suis demandé d'où venait ce terme de "Grippe". Monsieur Robert nous donne une étymologie provenant du XVIII° siècle. Le sens premier est un caprice, une fantaisie soudaine : prendre en grippe quelque chose. La maladie infectieuse a été désignée par le même terme parce qu'elle saisit brusquement le malade.

Pour l'instant , c'est surtout notre monde moderne qui se prend en "grippe", avec sa fantaisie soudaine de jouer à "Docteur, fais moi peur !"...

Hier, dans le cadre du travail, Il m'est arrivé une expérience "curieuse".

La semaine dernière, je reçois un coup de fil d'une des assistantes de Direction me disant :

"La semaine prochaine, nous avons la visite de monsieur Lechat ( Lechat, c'est quand même plus amusant que monsieur X ). Il s'agit du nouveau Directeur du GLUTZ ( le GLUTZ, ça ne veut rien dire, mais pour rendre le récit intelligible, il suffit de considérer le GLUTZ comme quelque chose d'important pour le secteur dans lequel je travaille). Il vient faire une immersion dans l'usine pour découvrir nos organisations et notre installation."

Bien, j'opine pour signifier mon accord. Connaissant un peu le GLUTZ, je m'attendais à voir arriver un ingénieur bien plus agé que moi, habillé couleur muraille... Que nenni, ma surprise a été grande de voir arriver dans mon bureau un jeune gars, avec des allures d'étudiant sage, des lunettes rondes, une serviette en cuir et un imper marine. C'est lui le directeur du GLUTZ ? Grace à quelques infos glanées auprès de mes collègues, j'apprenais qu'il avait à peine passé le quart de siècle et qu'il sortait d'une des meilleures écoles d'ingénieurs de France. Je découvrais bien vite qu'il connaissait peu les arcanes de mon métier. C'est bien normal, je l'exerce depuis presque 10 ans, lui, il ne le connait que depuis 2 mois... Et moi, de prendre à coeur mon rôle de maître d'école (de grandes écoles !).

Hier après midi, tandis que je lui infligeais un cours accéléré sur l'organisation de l'usine, je remarquais son regard perdu vers la fenêtre de mon bureau. Au loin, les coteaux des bords de Garonne étaient éclairés par un soleil assez gaillard, donnant des reflets dorés aux couleurs d'automne. Il rêvait un peu...

Je me suis dis : "c'est normal, c'est de son âge..."

Mon Dieu, je vieillis !

Les limites du "Sarkosisme" ont peut être été atteintes cette semaine. En effet, la soirée télévisée du "Petit Nicolas" sur le terrorisme est finalement tombée à plat, la vedette ayant été volée par le conflit de la SNCM. La martingale de l'insécurité me semble usée. Ouf !

Quant à la SNCM, elle montre de nouveau les limites du "syndicalisme à la française" enfermé dans son corporatisme étriqué. La CGT cherche encore une fois à cacher derrière l'antienne de la défense du "service public",  certaines des gabegies, où l'a conduite sa politique de surenchères. Tout cela pour éviter de se faire déborder par SUD et FO dans ses bastions du "public"... Je suis le premier à être d'accord avec eux sur la nécessité d'une régulation, mais elle ne passe plus par la maille "nationale" ; c'est au niveau européen qu'il faut la chercher. Et là, les règles du jeu sont différentes, il faut d'abord négocier ! Quant au "Syndicat des Travailleurs Corses", comme le notait Jean-Michel Aphatie, je souris à l'idée de voir une organisation, qui ne cache pas ses sympathies indépendantistes, défendre l'idée du maintien de l'Etat dans le capital de cette compagnie maritime. Là aussi c'est limite !

La semaine prochaine, il me semble que nous allons voir les limites du Villepinisme...